ko du torrin
dans le lit du torrent
La forêt de Peiloz, autrefois considérée comme hantée, fut longtemps le décor de mythes et légendes en tout genre. Aujourd’hui, elle est, entre autres, le terrain de jeu de la skieuse Maude Besse. À son tour sorcière de ce lieu, la forêt l’habite et l’inspire dans la pratique de son sport.
Cette série est le résultat d’une résidence à Bruson accueillie par le Palp Festival. 10 artiste.x.s on été invité dans le cadre de l’exposition “Les secrets”. Le projet a été mené en collaboration avec l’association Near.
dans le lit du torrent
La forêt de Peiloz, autrefois considérée comme hantée, fut longtemps le décor de mythes et légendes en tout genre. Aujourd’hui, elle est, entre autres, le terrain de jeu de la skieuse Maude Besse. À son tour sorcière de ce lieu, la forêt l’habite et l’inspire dans la pratique de son sport.
Cette série est le résultat d’une résidence à Bruson accueillie par le Palp Festival. 10 artiste.x.s on été invité dans le cadre de l’exposition “Les secrets”. Le projet a été mené en collaboration avec l’association Near.
1.
« Entre les deux forêts du Bouthier et de Peiloz, dans la vallée de Bagnes,
coule un affreux torrent qui, à diverses époques, ravagea les campagnes
de Bruson et du Châble et même, une fois, combla de vase et de cailloux
l’église de cette dernière localité. »
Louis Courthion, « La Grenière de la Forêt de Peiloz », in Les veillées des
mayens, 1896
Dans les profondes solitudes de la forêt, je grimpe en évitant de piétiner
les bosquets de myrtilles. Les mélèzes ont commencé à perdre leurs
aiguilles et, par endroit, la neige fait déjà son nid. Le soleil est bas et
sculpte les reliefs. Un arbre mort, une pierre brillante, je dépose mon sac
et reprends mon souffle. Le chant d’un oiseau, une branche qui craque,
peut-être de l’eau qui ruisselle. Pourtant seul, je ressens une présence. La
forêt semble m’observer.
2.
« Ce torrent débouche dans la vallée par une ravine escarpée sur les
bords de laquelle trônent des chalets disséminés, isolés ou groupés ;
il rassemble toutes les neiges des hautes croupes de Mille et du Scex-
Blanc. Aux flancs de la plus importante des parois boisées qui le
dominent, se montre une large déchirure jaune, plaie vive, nue, tondue en
teigne dans l’épaisse chevelure des sapins. »
Louis Courthion, « La Grenière de la Forêt de Peiloz », in Les veillées des
mayens, 1896
Dans un nuage de poussière, le pick-up avance péniblement sur le
chemin. On sort de la forêt, le soleil va se lever mais il fait encore froid.
On saute du véhicule, sans un mot, et on s’avance sur le sentier en
direction de la crête. Nos souffles s’accélèrent. Maude et Sébastien, tous
deux montagnards, me distancent vite. Il nous reste quelques minutes
et encore une bonne centaine de mètres à grimper. Maude arrive la
première. Quand elle marche, on dirait qu’elle court. J’arrive enfin en haut,
le temps d’ouvrir ma veste et le voilà. Les rayons du soleil, rouge orangé,
surgissent de derrière la montagne.
3.
« Cette bande de terre jaune située tout près des vestiges des anciennes
galeries ne marquerait, affirme-t-on, rien autre que la place où les
ouvriers venaient verser les déblais de la mine et, depuis lors, ces
matériaux n’auraient pas permis à la végétation de reconquérir ses droits.
L’imagination de quelques bergers que le hasard amenait sur ces lieux a
fait de cette galerie l’habitation d’une sorcière dite “la Grenière” qui eut
son époque de célébrité dans la région. »
Louis Courthion, « La Grenière de la Forêt de Peiloz », in Les veillées des
mayens, 1896
Le vent souffle fort et un manteau neigeux est venu recouvrir l’ensemble
du paysage. De mon dernier séjour, je ne reconnais plus rien. Tout est
noir et blanc, lissé, tamisé. J’avance sur les mêmes chemins, les skis aux
pieds. Les jours sont courts et le soleil se fait rare.